LA RYTHMIQUE JAQUES-DALCROZE EN BELGIQUE AU XXE SIÈCLE

Recherche et texte de Françoise Leclerc (Rythmicienne)

Les premiers Rythmiciens

1904 – 1965 : Mme Albert Zimmer donne des leçons particulières de Rythmique dans la capitale.
1905 – 1965 : Les compositeurs Jean Binet et Jean Rissler exposent la Rythmique Jaques-Dalcroze en Belgique. Ils donnent cours aux enfants de l’Institut Decroly.
1920 : Monsieur Jaques-Dalcroze rencontre Ovide Decroly. Plusieurs démonstrations de la méthode sont organisées.
1923 : Mme Berthe Roggen donne des cours de Rythmique.
1932 : Emile Jaques-Dalcroze organise une conférence sur la Rythmique qui est fort appréciée par S.M. le Roi Albert et il est reçu avec beaucoup de sympathie par S.M. la Reine Elisabeth.
1948 : Berthe Roggen ouvre une école avenue Louise : «La musicoplastique».
1948 – 1954 : Mlle Antonia Taufstein donne cours chez A. Hamaïde.
1949 – 1954 : M. Alphonse Huleux compositeur enseigne la Rythmique, l’improvisation au piano et le Solfège selon la méthode.

Sergine Eckstein (1949-1982): le rayonnement de la méthode

Pendant la seconde guerre, Sergine Eckstein enseigne à l’Académie de musique d’Etterbeek où elle a fait connaître la Rythmique à M. Jean Absil, Directeur et compositeur. Elle continue les cours à l’Institut Decroly et dans différentes écoles. Avec conviction et dynamisme Sergine Eckstein répand la pédagogie de la Rythmique en enseignant aux enfants de 4 à 16 ans.
En 1949, elle fonde l’Ecole Dalcroze dont le siège central (de Belgique) se trouve rue Alphonse Renard 86 à Bruxelles. En même temps, elle enseigne à l’Académie de Saint Josse-Ten Noode dirigée par Marcel Quinet à l’Académie de Woluwé-Saint-Lambert dirigée par M. Paul-Baudouin Michel.

En 1950, Sergine Eckstein rencontre Monique Petit-Lemaître, pianiste, musicienne et compositeur. Monique Petit sera le bras droit de Mme Eckstein jusque 1982 et lui succédera jusqu’en 1997.
Ensuite, Mme Eckstein fait la connaissance de Mme Monique Wolter, pédagogue, directrice d’école et musicienne qui avait connu la Rythmique à l’Ecole Hamaïde grâce à Antonia Taufstein. Monique Wolter découvre l’eutonie Alexander, défend les méthodes actives telles Orff, Kodaly, Martenot.
En parallèle à ses activités, Sergine Eckstein met en place une formation professionnelle pour les élèves, plusieurs d’entre eux sont d’ailleurs devenus des Rythmiciens professionnels tels Sylvie de Gent-Gérard, Mme Ghigo, Wilars Huberti, Françoise Nitelet, Gabrielle Poutrain, Huguette Thiery, Jacqueline Van Halteren, Micheline Theys, Françoise Leclerc, Dominique Verbecelte, Marie Charles de la Brousse, Véronique Wauters et Jean-Paul Verbruggen.

Dès 1955, l’Ecole Dalcroze prend part à des formations complémentaires : stage d’eutonie de Gerda Alexander à Talloires (Haute Savoie, 1957) est suivi par quelques professeurs qui se sont spécialisés dans la matière. Monique Petit étudie la relaxation et le mouvement fonctionnel avec Renate Peter. Elle enseigne ces matières lors de stages d’été à Saint-Hubert puis propose à certains étudiants de se spécialiser auprès de Rosalia Chladek. L’eutonie Alexander et le mouvement fonctionnel de Rosalia Chladek vont devenir les bases « techniques » de l’enseignement de la Rythmique en Belgique.

En 1965, l’Institut Jaques-Dalcroze de Genève et l’Ecole Dalcroze fête le 100e anniversaire de la naissance de Jaques-Dalcroze. Soixante-trois personnalités font partie du Comité d’honneur belge (Directeurs, Inspecteurs, compositeurs, professeurs de conservatoire, et bien d’autres personnes enthousiastes pour la méthode Dalcroze). On se rappelle de Robert Wangermée (Directeur de la R.T.B.), Suzanne Decroly (Directrice de l’Institut Decroly), Guy Cudell (Bourgmestre de Saint-Josse-ten-Noode), M. et Mme le Baron Houtart, Jacques Samuel, Simone van Caillie, Ilona Laszlo-Rabo, et bien d’autres !
La même année, l’école qui se développe sans arrêt a la possibilité d’occuper une nouvelle salle rue Chalon.

En 1974, après leur formation en Rythmique, Bobette Goeders et Marie-Christine Wavreille partent en Angleterre se spécialiser en danse créative de Rudolf von Laban, matière qui complète si bien la Rythmique. Rudolf von Laban recherche un système sans rigidité, une liberté sans chaos. D’autre part, ce n’est pas la performance de danses exceptionnelles qui importe mais l’effet bénéfique de la créativité sur l’Individu. «La musique naît du geste et non le geste de la musique, le danseur crée lui-même sa musique» (R. Laban). En 1975, la salle rue Chalon n’est plus accessible, l’école déménage rue Fr. Merjay.

1975 : Reconnaissance officielle de l’Institut Jaques-Dalcroze de Belgique

Par arrêté royal, l’Ecole Dalcroze fondée par Sergine Eckstein devient l’Institut de Rythmique Jaques-Dalcroze de Belgique et est reconnu en tant qu’établissement musical classé en première catégorie. S. M. la Reine Fabiola assiste à la cérémonie de reconnaissance. Nous remercions le Ministre de la Culture de l’époque : M. H.F. Van Aal et l’Inspecteur Max Vandermaesbrugge.

Le 13 mai 1977, l’Institut inaugure sa nouvelle demeure définitive, au 53 rue H. Wafelaerts à Saint Gilles, en l’ancienne clinique orthopédique Van Neck construite en 1910 par Antoine Pompe.

Monique Petit (1982-1997): La pédagogue déterminée pour une Rythmique performante

Avec Monique Petit, l’Institut s’envole vers des horizons européens. C’est sous l’impulsion de Monique Petit que de nouveaux cours prennent leur essor: la chorégraphie rythmique s’organise à l’Institut comme de la Rythmique appliquée au mouvement, de la Rythmique en tant que plastique animée. Le 13 mai 1998, des étudiants de l’Institut remportent le premier prix et le prix du public au 2e Concours européen de la Rythmique. Cette victoire est due à cette directrice qui défendra avec une conviction profonde et une qualité pédagogique extraordinaire la précision technique et les qualités artistiques de la Rythmique.

En 1983, l’Institut se structure en ASBL.

 

En 1983, l’Institut se structure en asbl.

En 1985, lors du 10e anniversaire de la reconnaissance, l’Institut organise son spectacle « La Rue ». Certains se rappeleront des nombreux spectacles et démonstrations qui sont réalisés : «La Revue de cuisine», «Rythme et imagination», «L’Oeuf sans C», «Croche par-ci, croche par-là», …
Pédagogue exceptionnelle, Monique Petit est aussi invitée comme professeur au Congrès internationaux de la Rythmique à Genève et à des stages en Grèce. En 1993, l’Institut est invité au Conservatoire de Poznán (Pologne) et en 1995, c’est l’Ecole de danse Alekseeva de Moscou qui accueille l’Institut. En 1998, l’Institut se présente au Concours européen.

Lorsque Monique Petit prend sa retraite elle est remplacée par Monsieur Pierre Kolp, compositeur, musicologue et organiste. Soucieux de prolonger l’oeuvre de Mmes Eckstein et Petit, Pierre Kolp continue le travail de ses prédécesseurs dans l’esprit de «M. Jaques» pour un nouvel élan de la Rythmique. Depuis 2013, Pierre Kolp devenu Inspecteur au Ministère de la Fédération Wallonie Bruxelles  est remplacé par Carine De Vinck, professeur de Rythmique et d’Expression corporelle.